Le livre de référence sur la voile latine, écrit en 1897 et disponible sur Gallica , Le Vence est un des derniers témoignages de l'importance de ce gréement en Méditerranée. Plus proche de nous, le livre de Monsieur Guy Brouet, disponible chez l'auteur ou auprès de librairies spécialisées, raconte la restauration minutieuse d'un bateau à voile latine. Les cartes postales qui suivent illustrent quelques passages de ces ouvrages, lus et commentés lors de la Nuit de la Lecture le 18 janvier 2020 à la bibliothèque Forney, à la recherche de rencontres entre patrimoine culturel immatériel, art et artisanat..
Vence page 9 : "Les bateaux généralement employés sur les côtes de Provence par les pêcheurs, les pilotes, les bateliers, le service de surveillance des Douanes et un grand nombre d'amateurs armés en plaisance, sont des bateaux portant un seul mât avec une voile latine et un foc. La coque pointue à l'arrière est coiffée sur l'avant d'une sorte de proue montée qu'on appelle éperon sans doute par analogie avec les anciennes galères."
Vence page 10 : "Les constructeurs habituels de ces bateaux ne dressent pas de plans de forme et ne font aucun tracé en grandeur d'exécution. Ils débitent directement leur membrure au moyen d'un seul gabarit qui est le gabarit du maître-couple. Ce procédé, qu'on désigne sous le nom de gabarit de Saint-Joseph est décrit dans un chapître suivant. Comme conséquence, il n'est fait aucun des calculs résultant habituellement du plan de formes et c'est par simple comparaisons pratiques que les résultats probables sont visés.
Nous avons fait avec soin le relevé des formes de la coque de plusieurs bateaux très appréciés dont nous avons ensuite dessiné le plan de formes."
L'ouvrage de Jules Vence montre un artisanat d'art :" l’artisan d’art est un artisan hautement qualifié fabriquant ou restaurant, en général à l’unité ou en petite série, des objets d’art, mais dont l’activité n’est pas reconnue comme purement artistique. Tout art comme tout métier d’art, conjugue l’imagination créatrice et un ensemble de techniques."
Vence page 25 : "La grande pratique que les charpentiers constructeurs ont de ce procédé, ne les empêche pas, avec ce seul gabarit, de faire varier notablement le rapport des dimensions principales de l'embarcation, ainsi que ses formes. Ils allèguent qu'ils économisent ainsi les frais relativement coûteux d'un plan de formes, d'un tracé en grandeur d'exécution et de la confection des nombreux gabarits de la membrure qui, s'ils étaient conservés pour servir à refaire au besoin une même embarcation, formeraient pour eux un matériel encombrant."
Chaque bateau est une pièce unique, adaptée au budget de la commande.
Brouet page 229 : "Le car et la penne sont de section cylindrique sauf dans la zone de superposition que l'on aplanira. Ils forment un ensemble le plus léger possible. Les fonctions différentes de ces deux éléments font que la penne doit être plus flexible que le car. Le car sépare les filets d'air entre les deux côtés de la voile, pendant que la penne doit laisser générer le moins de turbulences possibles lors de l'écoulement de l'air et maintenir la chute tendue."
Vence page 35 : "Le gouvernail est manœuvré au moyen d'une barre droite dite arjoou. Cette barre est destinée à pouvoir s'enlever et se remettre facilement et promptement pendant les virements de bord. Elle est en bois de chêne vert ou en bois d'ormeau et se capelle sur la tête du gouvernail..."
Vence page 55 : "Mais ce qui distingue ces avirons de ceux habituellement employés dans les embarcations, c'est la forme du manche qui est carrée ou presque carrée, avec les angles plus ou moins arrondis ou abattus. De cette façon, le contrepoids plus grand que forme ce manche fatigue moins le nageur, ces avirons se nageant toujours à couple. D'un autre côté, la partie carrée du bras, forme à la position des tolets un épaulement qui empêche l'aviron de descendre ou de glisser."
Vence page 103 : "La voilure latine, malgré sa simplicité, exige pour sa manœuvre une assez grande habitude. Si par faible brise, tout amateur peut, lui-même, manœuvrer aisément une voile latine, on ne saurait méconnaître que par mauvais temps cette voilure devient parfois dangereuse. C'est ce qui a donné lieu à ce proverbe des vieux pêcheurs s'adressant aux débutants : Sé mi counouissés pas, mi toqués pas."
"La faveur persistante dont jouit la voilure latine sur les côtes de Provence, permet cependant d'admettre que ce proverbe est quelque peu exagéré et que, en raison même de la simplicité du système l'expérience est bien vite acquise."
Brouet page 218 : "...Ceci conforte l'hypothèse que la dite barque aurait été conçue pour naviguer à la voile puis, qu'elle aurait été motorisée plus tard dans son histoire (année 1950)."